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Manuale typographicum

es premières réactions devant ce déferlement de mauvais goût vinrent d’abord d’Angleterre où William Morris (1834-1896), du mouvement Art & Crafts, défendit le retour aux traditions d’antan. Mais le travail le plus novateur, fut l’œuvre de Georges Peignot qui se fit avec sa fonderie Deberny & Peignot, le défenseur de l’Art nouveau en matière typographique (voir l’article Georges Auriol et l’écriture typographique).


Caractère Auriol, 1901

Après cette période aujourd’hui oubliée, l’histoire de la typographie s’accélère brutalement, explorant différentes pistes d’évolution possible. On trouve ainsi les tenants du classicisme qui vont moderniser les caractères classiques (Stanley Morison (1889-1967), conseiller du Times et de la fonderie Monotype) ou persévérer dans la grande tradition de la calligraphie (Frederic Goudy (1865-1947), Éric Gill (1882-1940), Hermann Zapf (1918-)).

Times New Roman
Caractère
Times New Roman, 1931
Goudy Old Style
Caractère
Goudy Old Style, 1915
Gill Sans
Caractère
Gill Sans, 1928
Optima
Caractère
Optima, 1958

Ils vont essayer de faire obstacle à la véritable révolution typographique qu’ont initiée les mouvement artistiques de l’abstraction que sont le néoplasticisme et le Bauhaus. De leurs recherches pratiques, tournées vers l’industrie et la publicité, vont naître et prospérer les linéales ou caractères bâtons, qui de par le dépouillement total du dessin, vont se révéler les véritables caractères à tout faire de la typographie moderne. Le Futura de Paul Renner du Bauhaus, l’Helvetica, héritière de l’Akzidenz Grotesk ou encore l’Univers de Frutiger (1928), procèdent de cette nouvelle école.

Futura
Caractère
Futura, 1927
Helvetica
Caractère
Helvetica, 1951-53
Univers
Caractère
Univers, 1954-57

Les fonderies ont joué un rôle important dans ce travail de sélection des caractères classiques les plus réussis et de promotion de caractères novateurs, à l’image de l’American Type Foundry (ATF) de Morris Fuller Benton (le fils de Linn, 1872-1948), de Deberny & Peignot, de la Fonderie Olive, de Monotype, de la fonderie Amsterdam ou encore de la fonderie Ludlow.

Choc
Caractère
Choc, 1955
Stop
Caractère
Stop, 1970

Il n’est pas possible de conclure ce bref exposé, sans parler de ces caractères publicitaires atypiques qui sont nés avec les méthodes modernes d’impression. Excoffon (1910-1983) déjà avait montré la voie de caractères originaux avec ses scriptes Mistral, Choc et Banco. Mais c’est l’invention du procédé Letraset qui déclenchera la création de toute une famille de caractères atypiques, géométriques voire surréalistes, telles les créations d’Aldo Novarese (1920-1995).

Perspectives

Depuis les années 1970, force est de noter que le destin de la typographie est désormais étroitement associé à celui de l’informatique. La numérisation des caractères a permis une explosion créatrice certaine combinée avec la redécouverte et l’actualisation des caractères classiques. Quelques sociétés se sont placés en pointe dans ce mouvement, reproduisant ce qu’avait fait au début des années 1970, la société International Typeface Corporation (ITC), c’est-à-dire normalisant et diffusant massivement des caractères d’excellente facture. La première fonderie informatique mondiale est aujourd’hui la société américaine Bitstream, fondé par le dessinateur de caractères Mathew Carter (1937-). On peut également mentionner les firmes Monotype, Agfa (les deux dernières ayant fusionné), Adobe ou encore Corel.

Charter
Caractère
Charter, 80’s
Georgia
Caractère
Georgia, fin 90’s